fabriquer une nasse a ecrevisse

C6 - La p�che "aux" �crevisses
� la ligne et aux engins

	La nasse est un "engin" permettant une p�che tr�s productive dans les eaux closes priv�es.

En dehors de la tr�s classique p�che � la balance, les �crevisses peuvent se capturer par d'autres moyens, efficaces mais le plus souvent r�serv�s - sauf la p�che � la ligne - pour les eaux closes.

La p�che de l'�crevisse "� la ligne"

Tout p�cheur a relev�, au moins une fois, une ligne au bout de laquelle s'agrippait une �crevisse tenant un ver ou un grain de ma�s dans une de ses pinces. L'animal, ne l�chant pas sa prise, se laisse ainsi amener jusqu'� la berge. Cette r�alit� ne permet cependant pas d'�riger la p�che � la ligne de l'�crevisse en technique de capture efficace bien qu'elle soit l�gale et reconnue. Mais qui voudrait p�cher par ce moyen, dans une pi�ce d'eau o� aucune autre m�thode ne serait tol�r�e, pourrait utiliser une ligne (l) en nylon 25/100 munie d'un flotteur (f) �quilibr� par quelques plombs (p) et mont�e sur une canne simple de 3 ou 4 m de long au scion rigide.
Pour multiplier les capture, il est possible - en s'inspirant de la p�che de l'anguille "� la verm�e" - de monter sur un petit �merillon (�) 4 ou 5 courts bas de ligne, sans hame�ons, en 25/100 �galement sur lesquels sont en fil�s avec une aiguille � crochet une dizaine de grains de ma�s (m) bloqu�s par un "fixe bouillette" comme en utilisent les carpistes.

L'app�t est � d�poser sur le fond, non loin de la rive, pr�s de grosses pierres, d'un herbier ou d'un enchev�trement de racines, abris tous pr�sum�s cacher des �crevisses.
Lorsque l'une d'elles arrive sur place, elle signale sa pr�sence par des tremblements du flotteur. Quelques petites secousses donn�es � la ligne incitent le crustac� attabl� � saisir solidement de ses pinces les grains de ma�s convoit�s de peur qu'ils ne lui �chappent.
Il faut ensuite sortir l'�crevisse de l'eau en imprimant � la canne un mouvement progressivement acc�l�r� qui ne doit pas se ralentir sous peine de voir la bestiole l�cher prise avant d'�tre au-dessus de la berge.

La p�che de l'�crevisse "aux engins"

D'apr�s la l�gislation de la p�che, la "p�che aux engins" est un moyen de capturer les poissons (et les �crevisses) autrement qu'� la ligne. Sont consid�r�s comme "engins" :
- les filets (difficiles � utiliser pour capturer des �crevisses !),
- les nasses,
- les carrelets,
- les casiers et...
- le fagot.

Le carrelet

Cet engin n'est qu'une balance g�ante. Il s'app�te, se pose comme une balance mais se rel�ve avec un peu plus de difficult� � cause de la r�sistance de l'eau.

Un carrelet

On trouve dans le commerce de petits carrelets tendus par quatre arceaux d'acier (a) repliables assurant une bonne tension de la poche de filet (f) de 80 cm ou 1 m de c�t�, en mailles de nylon de 10 mm. Repli�s, ces engins montrent un faible encombrement et se tendent ais�ment lorsque le fond est plat et horizontal � l'aide d'un fort b�ton (b) de 3 m de long environ et d'une fine et souple cordelette (c).
Avec le carrelet, le nombre des prises sera accru par quelques poign�es de granul�s pour poulets lanc�es comme amorce sur le lieu de p�che. Etant donn�e la petitesse des mailles, il arrive qu'� la lev�e quelques menus poissons se fassent prendre, plaqu�s par l'eau le flanc contre le filet. Parfois, un sujet plus important se laisse pi�ger si la remont�e du pi�ge s'est faite rapidement.
Ces poissons seront, bien s�r, remis � l'eau mais leur capture ajoute un petit suppl�ment d'�motion � l'excitation que provoque chaque lev�e.

La nasse

Le meilleur des pi�ges

C'est le pi�ge qui montre le meilleur rapport manipulation/r�sultat : sa pose et sa lev�e sont rapides et faciles, les prises nombreuses. Pouvant rester tendu longtemps, c'est le plus productif des moyens de p�che� mais ce n'est pas le plus convivial. Il laisse cependant au p�cheur des instants de suspense fort agr�ables quand, � la lev�e, surgissant de l'eau, la nasse d�goulinante laisse apercevoir les captures tapies dans tous les coins ou m�me accroch�es au "plafond" comme des mouches.

Une nasse simple � deux goulets
s'ouvrant par le milieu

Des nasses simples

Les longues nasses � poissons comportant un grand goulet ext�rieur sont � �viter : souvent, en cherchant � atteindre l'app�t, les �crevisses escaladent ce large entonnoir et, sentant qu'elles s'�loignent du but, reviennent vers le corps du pi�ge sans en trouver l'ouverture. Des nasses plus sp�cifiques existent dans le commerce mais elles peuvent aussi �tre "bricol�es" par les p�cheurs.
Le mat�riel n�cessaire est simple :
- les outils : 2 pinces, l'une � becs longs, l'autre coupante;
- les mat�riaux :
□ pour les corps de nasse : le grillage m�tallique soud� � mailles carr�es de 19 mm (ne retenant que les �crevisses adultes*), vendu en rouleaux de 50 cm ou de 1 m de large, se travaille sans armature (rigide et peu d�formable, il prend ais�ment la forme circulaire);
□ pour les goulets : le grillage "galva" torsad�, � mailles hexagonales de 13 mm, est tr�s facile � mettre en forme;
□ pour les trappes : des cerceaux de balances d'un diam�tre, tr�s r�pandu, de 27 cm, au filet hors d'usage;
□ pour les finitions : du fil de cuivre et une pelote de ficelle solide.

Les app�ts, la pose, la lev�e...

Les nasses s'app�tent comme des balances et se posent aux m�mes endroits. L'id�al consistent � les mettre en place le soir et � les lever le lendemain dans une eau close priv�e � laquelle on a acc�s. Elles peuvent �tre laiss�es en place plusieurs jours mais, dans ce cas, il y aura des �vasions quand l'app�t aura disparu : les �crevisses excellant � explorer toutes les issues possibles, certaines finiront par d�couvrir le goulet et � s'enfuir.

Le casier

    C'est une nasse verticale qui, elle aussi, se bricole facilement. Le goulet d'entr�e (G) peut se faire avec un pot de fleurs en plastique coup� en deux pour supprimer le fond. La bou�e (b) maintient les haubans tendus pour faciliter l'acc�s du goulet aux �crevisses attir�es par l'app�t (a).

Un casier bricol�
app�t� d'un poisson

   La technique de p�che est exactement la m�me que celle demand�e par les nasses.

Le fagot
(ou fascine ou bourr�e)

Cette vieille m�thode est cit�e par tous ceux qui ont �voqu� la p�che � l'�crevisse. Elle fut abandonn�e, sauf par les braconniers, quand la r�glementation imposa les balances.

Il y a plus d'un si�cle

    Laissons parler Charles Jobey, un auteur halieutique connu (1812-1877). Ces lignes extraites de "La p�che � la ligne", vieilles de plus d'un si�cle, exposent la m�thode, ses avantages et ses inconv�nients. Elles nous renseignent aussi sur la richesse en �crevisses des rivi�res de l'�poque� Et il s'agissait de pattes blanches ! : "... On met au milieu d'une bourr�e de ronces et d'�pines un morceau de viande un peu avanc�e... On lie cette bourr�e, on la jette � l'eau... Puis le lendemain on vient relever le rustique engin. On est certain d'y trouver des �crevisses. Il faut dire qu'en soulevant cette bourr�e de l'eau, la moiti� s'en �chappe et que pour se rendre ma�tre de celles qui y sont rest�es, il faut fouiller les �pines, s'y piquer les doigts et somme toute, une douzaine ou deux d'�crevisses sont la seule r�compense de tant de peines..."

Il y a plus longtemps encore

    En 1764, on pouvait lire dans "Le dictionnaire de l'agronome" : "P�che de l'�crevisse : Ayez un vieux li�vre mort que vous laissez pourrir dans le fumier pendant huit jours ; mettez-le dans un bon fagot d'�pines, ou de bois tortu, liez le tout avec une corde, & attach� le bout de la corde avec une pierre ; mettez ce fagot dans l'eau, & laissez-le ainsi jusqu'au lendemain ; retirez-le & vous le trouverez charg� d'�crevisses."

    L'Encyclop�die de Diderot et d'Alembert fut �dit�e au XVIIIe si�cle. Ce c�l�bre "dictionnaire raisonn� des sciences, des arts et des m�tiers" comprend 35 volumes parus de 1751 � 1780. Dans l'article consacr� � l'�crevisse, la technique de la p�che au fagot y est �galement fort bien d�crite : "On laisse pourrir un chat mort, un chien, un vieux li�vre ou un morceau de cheval mort, on le jette dans l'eau entour� d'�pines, on l'y laisse longtemps ; il attire toutes les �crevisses que l'on prend en tra�nant � soi la charogne et les �pines avec un crochet. Comme les �crevisses aiment beaucoup le sel, des sacs qui en auraient �t� remplis feraient le m�me effet que la charogne."
     Outre la description d'une peu rago�tante m�thode de p�che, ces lignes dues � Diderot lui-m�me, nous signalent le go�t marqu� des �crevisses pour le sel.

Comment am�liorer, en eau close, cette technique tr�s connue

     Il ne faut pas utiliser d'�pines mais prendre des herbes ligneuses comme la reine des pr�s ou des branches de saule cendr�, tortueuses et fourchues, afin de cr�er � l'int�rieur du fagot (f) des trous permettant aux �crevisses d'y p�n�trer. Il convient aussi d'�viter la viande "un peu avanc�e" comme app�t et la remplacer par une poche de croquettes pour chats. On peut aussi plaquer sous le fagot un rectangle de grillage (g) � mailles de 15 mm qui emp�chera les �crevisses ayant p�n�tr� entre les branches par les extr�mit�s de l'engin de tomber � l'eau � la lev�e du pi�ge.
On peut �galement introduire, entre fagot et grillage, deux pierres pour faire couler le fagot et l'�quilibrer � l'horizontale lorsqu'il pend au bout de sa cordelette (c). Ce petit d�tail �vitera qu'� la lev�e, le fagot ne prenne une position oblique facilitant la fuite des �crevisses.

Un fagot am�lior�

    La p�che au fagot tant vant�e pour ses extraordinaires r�sultats - peut-�tre uniquement parce qu'elle est interdite - vaut la peine d'�tre exp�riment�e une fois si on a l'acc�s � une eau close priv�e mais sa mise en � uvre est si fastidieuse... qu'elle peut �tre vite oubli�e !